mercredi 6 juin 2012

Rapport N° A36
Intitulé : Novella Medieval

Renversement (1/2)

   
    – Vous n’avez jamais lancé la moindre personne à ma recherche ! cria-t-il de toute sa rage.
    – Je n’ai jamais cessé... dit-elle dans un murmure que je fus seul à entendre.
   
    Avant, il y avait le déclin. Maintenant, c’était pire.
    Tout avait commencé par une simple expédition. Pour nulle autre raison que son petit plaisir, le prince Phélys, alors âgé de vingt ans, avait décidé de s’offrir une petite randonné à escorte minime. Seul quatre gardes et ses deux suivants avait été prévenu afin de l’accompagner en fin d’après midi ; ses majestés n’ayant le plaisir de découvrir son escapade que le lendemain matin grâce à un mot laissé dans sa chambre.
    Leur inquiétude était compréhensible, surtout que le choix de destination du prince était peu enviable : il comptait aller visiter une ancienne cathédrale, à moitié détruite et laisser à l’abandon, mais la région où cet édifice se trouvait avait longtemps été une zone de guerre avec l’un des royaumes voisins. Ce que nous ignorions tous à ce moment là, et que le prince allait découvrir à ses dépens, c’est que le monarque dudit pays n’avait plus envie de respecter les accords de trêve.
    La nouvelle de début d’invasion de cette zone neutre n’était arrivée à la capitale que quatre jours plus tard. J’avais pu voir l’un des gardes d’escorte revenir, salement blessé, depuis le champ où mon père et moi travaillions la terre. La nouvelle se rependit dans la cité comme un éclair dans le ciel, et même les paysans de l’extérieur des fortifications comme ma famille étaient au courant des détails sordide le soir même.
    Les discussions de badaud des semaines qui suivirent ne tournaient plus qu’autour des batailles de l’Est et du désespoir de retrouver le prince au milieu des carnages. Mais lorsque l’on écoutait plus attentivement comme je le faisais chaque soir à la Taverne, on pouvait apprendre des nouvelles biens pires encore, et qui se déroulaient ici-même. J’appris d’abord discrètement auprès d’un groupe de haut gradé que le roi en personne projetait de se rendre sur le champ de bataille pour discuter d’une trêve, mais les soldats s’attendaient largement à un piège. Une seconde nouvelle, plus dramatique, venait s’ajouter à cela : la reine était tombée malade d’inquiétude et de malnutrition. Je pensais que, au moins, la jeune princesse, du haut de ces 15 printemps, ne semblait pas attirer tous les malheurs du royaume.
    Mais l’histoire s’écrit presque toujours dans le sang, et elle allait me montrer que c’était cette jeune demoiselle qui allait devoir en subir les conséquences. Sa mère la reine n’était plus que l’ombre d’elle-même, et s’éteignit paisiblement dans son sommeil, tandis que sa majesté et père tomba quelque jours plus tard, sous la traitrise de nos opposants.
    Ce fut donc à elle, jeune, inexpérimentée, et surtout méconnue du peuple, de prendre les rennes du pouvoir. Ce dont les citoyens avaient besoin, c’était d’avoir un guide présent en ces périodes de trouble, mais ce fut bien évidement le contraire qui se produisit. Plus le temps passait, et moins la princesse se faisait présente. Tout le monde s’accordait à dire qu’elle préférait la sureté des murs du château, et qu’elle ne faisait rien pour repousser l’invasion.
    Avec la demande en homme et en provision pour le front, la capitale s’appauvrissait de jours en jours, de semaines en semaines et de mois en mois, et était de moins en moins bien gardée. Des clans de brigands et de voleurs ne tardèrent pas à se créer, menaçant toujours plus la populace que formait les commerçants et les paysans, et se jouant sans problème des quelques rondes de garde à peine organisées. Les bandits prenaient tellement d’assurance au file du temps qu’ils commençaient à attaquer les gens en plein jours. Un matin, alors que mon père amenait quelques sacs de provisions pour la réserve de la caserne, deux hommes à peine âgés de 20 ans lui avait barré la route, voulant l’alléger de son fardeaux. Mon père commençait à se faire vieux, ils n’auraient donc eu aucun mal à lui prendre les sacs des mains, mais ils avaient eu la clairvoyance de tendre leur embuscade au coin de la maison du forgeron, également très bon ami de notre famille. N’importe qui perdrait toute assurance avec une dague dans les mains, quand apparait à coté un homme équipé d’un marteau lourd et d’une grande épée rougeoyante.
    Mais même dans ces temps obscurs, tous les groupes qui se formaient n’étaient pas voué au banditisme. Un groupe, notamment, commençait à se faire connaitre de par ses actions en faveur du peuple. Personne ne connaissait le nom de leur compagnie ; seul le nom, ou plutôt le surnom, du meneur commençait à se faire entendre : celui du Loup Solitaire. La rumeur disait qu’un homme affublé d’un masque blanc aux formes de loup avait commencé par recruter quelques mercenaires afin de retrouver des objets volés, puis que d’autres personnes avaient volontairement rejoins la bande, élargissant leur zone d’action de quelques quartiers à plus de la moitié de la ville. Leurs méthodes n’étaient pas des plus douce et recommandable, mais ils arrivaient toujours à leurs fins. Ce que l’on disait moins, en revanche, c’est que la Garde s’était sentie menacée par ce gain de pouvoir au peuple, et avait décrété le Loup Solitaire et sa bande hors-la-loi. Mais l’arrestation de quelques membres n’empêcha pas les autres de continuer, cachant leurs identités, et n’étant plus reconnaissable que par la tête de loup blanc brodée sur leurs épaulières.
    Ne voyant que le bien que pouvait apporter une telle guilde, je m’étais mis en tête de trouver un moyen de la rejoindre. Je n’étais alors âgé que de 19 ans, mais je pensais que mon inexpérience pourrait être comblée par mes petits entrainements nocturnes. Quelques mois auparavant, il m’aurait été facile de les trouver, mais à présent, la taverne où il se réunissait avait fermé ses portes pour complicité, et leurs réunions étaient bien évidement tenue à l’abri de tous regards indiscrets.
    Une nuit où je vadrouillais dans les rues sans but véritable, le destin m’avait enfin sourit. Un homme était passé dans la rue à quelques pas devant moi, capuchon noir sur la tête, loup blanc sur l’épaule. Je le pris en filature, m’imaginant déjà en train de découvrir leur lieu de rendez-vous. Ce qui m’avait échappé au milieu de ces douces rêveries, c’est que deux gardes royaux en tenue de tissu noir étaient déjà en train de le suivre discrètement. Je ne les vis qu’après avoir parcouru trois rues, lorsque l’un d’entre eux commença à armer une petite arbalète au métal scintillant sous la lumière de la Lune. Pris d’un sursaut de panique, je bousculai un petit étale de marchant rester ouvert, et dont le battant vint se rabattre dans un grand fracas. Les deux gardes aillant pris cela pour une embuscade s’étaient totalement découvert, tandis que l’homme au loup blanc s’était retourné dans une posture de combat, dague à la main. L’arbalète me regardait droit dans les yeux, mais heureusement pour moi, sous l’effet de panic, l’assassin royal n’avait pas pris le temps de poser un carreau. Je ne pris pas le temps de réfléchir à qui était dans quel camp, et fonça poing levé vers l’homme qui avait décoché un vireton imaginaire dans ma direction. Concentré sur sa ceinture et ses munitions, il ne m’avait vu approché, et le directe qu’il reçu sur le nez l’envoya droit au pays des songes. A peine eus-je le temps de me retourner que l’homme mystérieux me plaqua contre le mur, sa lame sous ma gorge ; le second assassin gisait derrière lui dans son propre sang.
    – Vous... Vous êtes rapide, dit donc, tentai-je maladroitement dans l’idée de gagner du temps.
    – Qui es-tu, est surtout qui t’envoie ? répondit-il d’une voie si calme que cela en devenait inquiétant
    – Je... Je suis juste un paysan, bégayai-je. Un fils de paysan, oui. Je ne voulais rien...
    – Tu es bien jeune, ajouta-t-il sans me laisser finir, tout en s’éloignant de quelques pas. Trop jeune pour avoir été envoyer contre moi. Que faisais-tu dans l’ombre ?
    Ne plus avoir de couteau sous la gorge m’aida grandement à avoir les idées plus claires. Je choisis avec soin chacun de mes mots :
    – En faite, je dois vous avouer, je vous suivais effectivement...
    – Pff, soupira-t-il, avant de continuer pour lui-même : se faire aider par un môme des rues, quelle veine.
    – Hé, je vous entends.
    Il me toisa de toute son arrogance pendant plusieurs secondes, pendant lesquelles je commençai à remettre en doute ma volonté de vouloir rejoindre ce genre de type.
    – Laisse-moi donc deviner. Un petit fan de nos exploits qui rêve d’aventure et de nous rejoindre, n’est-il pas ? Tu ne vois que la dorure de la couronne, fillette. Même si nos actions sont pour lui, nous ne somme point des chevaliers aux cuirasse brillantes au service du peuple. Nous visons bien plus loin, et bien plus haut. Et nous le faisons sans nous préoccuper de garder les mains propres.
    – Et si je tiens quand même à vous rejoindre ? tentai-je malgré tout.
    Il tourna les talons et repris sa route sans me répondre, aussi calmement que s’il ne s’était rien passé. Je pensais sur le moment que mon rêve n’était plus, que ma vie ne serait que travail de la terre. C’est alors qu’il me lança, sans pour autant s’arrêter de marcher :
    – Tu n’es point si mauvais pour te défendre, et ta filature aurait pu atteindre son but, après tout. Si tu veux te joindre à l’ombre, continu d’entrainer ces capacités, elles te seront vitales. Maintenant files vite, avant que l’assommé ne se relève.
    Je n’aurais su dire sur l’instant si c’était du au contenu de sa phrase ou à sa façon de s’exprime, mais je rentrais chez moi avec le sourire aux lèvres.
    Je consacrai donc les semaines suivantes à mon entrainement, écoutant toujours plus discrètement les dernières nouvelles que les gardes se donnaient à propos du front le jour, échappant à leur vigilance et au couvre-feu nouvellement instauré en sillonnant les rues la nuit.
    Ce n’est qu’un mois plus tard, alors que je m’apprêtais de nouveau à faire une ballade nocturne au plus proche du château, que je rencontrai de nouveau l’homme de la compagnie. Il m’attendait, là, simplement adossé contre le mur d’une maison.
    – Hum... commençai-je en parlant doucement. Que faites-vous là ?
    – Je te montre à quel point tu es candide et devinable. Je n’ai eu qu’à t’attendre ici pour te rencontrer. Cette faille, dont tu te sers pour entrée dans l’enceinte du château, est tellement manifeste que même les gardes la connaissent.
    – S’ils la connaissaient vraiment, pourquoi ne l’ont-ils pas rebouché, depuis le temps ?
    Il eu un petit rire contenu et faible, mais étonnement moqueur.
    – Je t’avais dit que tu étais doué, mais tu as pris un peu trop d’assurance subitement. Tes petites ronde nocturne ne sont pas passée aussi inaperçu que tu ne le pense. Et je ne suis pas le seul à les avoir remarquées.
    Il me montra une petite arbalète qu’il avait à la ceinture. C’était la même que celles des assassin mandaté par la famille royal. Je commençai à regarder anxieusement tout autour de moi.
    – Ne t’en fais pas, cette nuit est calme, aucun dans la Basse-Ville. Ils n’y en a que deux qui t’attendent de l’autre coté de la brèche.
    A présent, je me dandinais nerveusement d’un pied sur l’autre. Ce balader illégalement dans les rues était une chose, se faire traquer par des assassins en était une autre.
    – Détends-toi et accompagnes-moi. Nous allons leur jouer un petit tour.
    – Je... Je ne veux tuer personne si ce n’est pas nécessaire, objectai-je.
    – Non, non. Nous allons juste les distraire un peu.
    J’hésitai quelques secondes. Un mois auparavant, il me parlait d’ombre et de se salir les mains, maintenant il semblait en parler comme d’un jeu.
    – Suis-moi, dit il avant de disparaître dans la ruelle d’à coté.
    Je le rattrapai au pas de course afin de ne pas être semé par sa marche rapide.
    – Je ne sais toujours pas votre nom, au faite... repris-je.
    Il s’arrêta au coin de la rue, scruta discrètement l’intersection, puis repris tranquillement son chemin avant de me répondre :
    – Tu peux m’appeler Loup Serein, au besoin.
    Je cru sur l’instant qu’il se moquait de moi :
    – Loup ? Voila qui n’est pas banal...
    – Nous nous présentons évidement sous un nom de code, petit, surtout depuis que nous sommes des hors-la-loi. Je n’ai pas à savoir le tien non plus.
    Ma réflexion me parut tellement idiote, après son explication.
    Nous continuâmes d’avancer ainsi sur plusieurs rues avant d’atteindre les portes principales de l’enceinte du château. Nous nous cachâmes dans l’ombre d’une ruelle adjacente.
    – Les portes, sérieusement ? demandai-je, peu assuré
    – N’y a-t-il pas de meilleur moyen pour passer discrètement que de passer par l’endroit où il ne nous chercherons jamais ?
    – Oui, mais... Il y a des gardes devant cette porte. Quatre, même. Ils ont doublé...
    – Hum, seraient-ils au courant, dit-il pour lui-même. Impossible, nous avons pourtant...
    Un mouvement dans la ruelle d’en face le fit s’arrêter. Je pus apercevoir deux personnes habiller dans des tenues ressemblant à celle de Loup Serein. Ils se mirent en place au coin de la rue, de la même façon que nous de notre coté. Loup Serein fit alors miroité un petit bout de métal dans leur direction. Les deux hommes acquiescèrent, puis nouèrent un bout de tissu sur leurs visages, recouvrant leurs nez et leurs bouches.
    – Tiens, met donc cela sur ton visage, et évites de trop respirer par le nez, dit-il tout en me tendant un bout de tissu fin, avant de mettre le sien en place.
    Je ne comprenais plus grand chose et ne savais ce qu’il allait se passer. Il avait décidé de me faire participé à l’une de leur mission et, bien que fier de cela, je me posais beaucoup de question sur ses motivations. Je m’exécutai néanmoins, et pus sentir que le tissu était imbibé d’un léger parfum.
    L’un des hommes d’en face rebroussa chemin au pas de course, tandis que le second sortie de sa cache et marcha tranquillement au milieu de la grande rue, tête baissée, en direction des portes. Les gardes se raidir, l’aillant évidement remarqué, et baissèrent leurs lances.
    – Haltes là, citoyens, si tu ne veux pas mourir, beugla l’un d’entre eux. Tu enfreins le couvre feu.
    L’homme s’arrêta, puis, sans un mot, décrocha une bourse de sa ceinture qu’il montra, bras tendu, vers les soldats. Ces derniers ne bougèrent pas, toujours sur le qui-vive.
    – Si tu veux nous montrer quelque chose, jettes le vers nous, finis par dire l’un d’entre eux.
    – Quand c’est si gentiment demandé, eurent-ils pour réponse.
    Il s’exécuta, et la sacoche vint s’écraser au pied des soldats dans un léger bruit de verre brisé. Le plus proche fit un pas en arrière, sentant l’odeur d’un piège. Mais un seul pas ne suffit pas, et il fut le premier à subir les émanations nauséabondes de la petite besace. Il commença par tituber, puis fut pris de violent vomissement avant de s’écrouler, inconscient. Les deux gardes les plus proches s’étaient rapprochés de lui lorsqu’il titubait, se demandant ce qu’il lui prenait, et subirent à leurs tours les mêmes symptômes. Seul le quatrième avait eu la présence d’esprit de s’écarter sur le coté de la porte. Comprenant que tout partait du sac, il prit d’une main un mouchoir qu’il se plaqua sur le visage ; de l’autre, il décrocha l’arbalète de sa ceinture, pré-armé, et mis le filou en joue. Il n’eu pas le temps de viser qu’il reçu un violent coup sur la nuque, et s’écrasa de toute ça hauteur. Le second homme de l’ombre avait fait le tour du quartier afin de revenir sur le coté de la porte, par la ruelle qui longeait le mur d’enceinte.
    Les deux hommes passèrent la porte, sans souffrir de l’odeur. Loup Serein s’avança et me fit signe de le suivre une fois de plus. Nous rejoignîmes les deux autres, sous un préau.
    – Tu es en retard, fit l’un d’entre eux, à voix basse. Et c’est qui, le môme qui te suit ? Où est Loup Fort ?
    – Du calme, mes amis. Il s’est bien présenté à notre rendez-vous, mais il odorait l’alcool à plein nez, et n’arrivais même pas à alignez quelques mots.
    – Pff, soupira le second inconnu. Pas si fort que ça, on dirait. Alors, lui ?
    – C’est, disons, mon apprenti. Il est sûr, n’aillez crainte. Appelez le... hum... Loup Intrépide.
    – Tu nous amènes un môme pour infiltrer le château ?! Mais tu es...
    – Il est doué et sûr, vous dit-je, imposa-t-il de sa voie calme, clôturant ainsi la conversation.
    Je trouvais que Loup Serein avait, certes, une façon de s’exprimer digne des poètes à deux sous, ou des ménestrels de bas étages, mais son calme absolu en tout instant lui conférait un charisme difficilement surpassable.
    – Ok, ok, alors. On fait comme prévu. A dans une heure, dans le hall principal.
    Les deux compères tournèrent les talons et partirent sans même attendre de réponse. Je n’osai pas dire un mot, ne sachant ce que mon mentor nouvellement avoué avait de prévu. Nous restâmes donc là, dans l’ombre du préau de la cour, pendant plusieurs minutes aussi longue qu’interminable. Puis, aussi soudainement qu’étonnamment, l’un des portillons de la grande porte du château s’ouvra, et une petite compagnie de soldats sortit au pas de course. Ils descendirent rapidement les quelques marches et traversèrent la cour dans notre direction.
    – Ne bouge pas, chuchota Loup Serein tout en me plaquant contre un coin du mur.
    Les gardes passèrent à quelques mètres de nous sans même nous remarquer.
    – Ils sont toujours aussi peu réactifs dans leur changement de ronde. Suis-moi dans l’instant, et fait ton habitude : aussi silencieux que l’ombre et aussi rapide que la lumière.
    Nous traversâmes la cour en longeant les murs des ailes avancés du château, et atteignîmes la grande porte sans nous faire remarquer.
    – Normalement, ils ne sont supposés n’être qu’à deux sur cette entrée, m’affirma-t-il. Un chacun ?
    – Je... Euh... Quoi ? Mais... Je ne...
    Il pouffa légèrement de rire.
    – Je blague, rassures-toi. Je me charge des deux somnolents. Scrutes la cour et préviens si quoi que ce soit bouge.
    Il frappa trois fois rapidement à mi hauteur sur le portillon, puis attendit devant, près à sauter à l’intérieur. Un braillement se fit entendre de l’autre coté :
    – Raah. Bordel, les gars, c’est pas un moulin ici ! Si vous avez oublié quelque chose, vous reviendrez quand vous aurez fini votre tour de garde.
    Loup Serein frappa de nouveau trois fois, mais il y alla si fort que l’on put entendre les gons grincer.
    – Ok, ok. Du calme. J’arrive.
    Des bruits de loquets se firent entendre, et la porte commença à s’entrebâiller.
    – Si ces seigne...
    Il n’eut pas le temps de finir sa phrase sarcastique qu’il se reçu le coin de la porte sur le visage, lancé à vive allure par le coup de pied de mon complice. Le pauvre homme tomba à la renverse, le nez cassé et la tête dans les étoiles. Loup Serein sauta à l’intérieur. Concentré sur ma tâche, je ne pus qu’entendre les bribes d’un combat plus silencieux qu’il n’y paraissait. Par trois fois j’entendis le garde commencer à crier pour que l’on sonne l’alarme, mais à chaque fois il semblait être soudainement à bout de souffle. Le combat dura quelques secondes, une minute peut-être, puis plus aucun bruit ne fut émis. J’entendis ensuite un :
    – Viens, la voie est libre.
    J’entrai à mon tour. Quelques gouttes de sang avait salit le sol en marbre d’un grand hall, majestueux malgré les ténèbres de la nuit, et où de grandes colonnes montaient aussi haut que la grande porte avant de finir en arche, relié les unes aux autres. Je pus à peine distinguer au fond de la salle les deux trônes royaux, tellement ils étaient éloignés de l’entrée.
    Loup Serein s’était affairé à ligoter les gardes et à les bâillonner, avant de les cacher dans un recoin de la salle.
    – Le plus difficile à été accomplie... Enfin, normalement, hésita-t-il. C’est étrange...
    – J’ai remarqué aussi, ajoutai-je. Ils semblent avoir doublé les gardes. Peut-être même les rondes.
    – Peu importe. Ça ne devrait plus nous concerner. Les ‘Loups’ de l’extérieur se chargent d’attirer les troupes. Prends une de leurs épées, sait-on jamais. Voyons à présent.
    Je m’exécutai, tandis qu’il sortait un petit papier où je vis qu’un plan sommaire y avait été tracé.
    – Il ne reste qu’a trouver les quelques passages cachés, conclue-t-il.
    Nous passâmes la moitié de l’heure suivante à descendre et monter un grand nombre de marches, à visiter des couloirs anciens et poussiéreux, ainsi qu’à évité les quelques rares gardes qui s’y trouvaient, caché dans des alcôves. C’est pendant ces longs moments de marche silencieuse qu’il m’expliqua brièvement sa mission. Deux ‘Loup’ de leur groupe s’étaient fait capturer, et étaient enfermés dans les profondeurs du château pour y subir tortures et interrogatoires. Il devait donc les faire sortir. La mission se devait d’être des moins meurtrières et des plus discrètes.
    Nous arrivâmes finalement au bout de notre expédition. Nous entrâmes dans un vieux cachot où les barreaux et cellule était à rongé par la rouille, et où l’on pouvait parfaitement voir que les outils en tout genre n’avaient pas été utilisé depuis bien des années.
    – Qu’est ce que... émit Loup Serein. Ils devraient se trouver ici une salle encore utilisée. Où sont les deux...
    – Nous vous attendions, fit une voix d’homme au fond de la salle, dans la pénombre.
    Par son reflexe de survie, au moment où il entendit ces quelques mots, mon mentor avait décroché l’arbalète de sa ceinture et l’avait pointé droit devant nous.
    – Ce n’est que nous, Séri, fit ensuite une voix plus douce et féminine.
    Ces deux personnes s’avancèrent lentement dans notre direction, et le peu de lumière qui arrivait à pénétré dans la salle les rendit enfin visible.
    – Vous... hésita Loup Serein, en remettant son arme à sa ceinture. Je suis content qu’aucun mal ne vous ai été fait, mais... Je ne comprends pas, vous n’êtes pas prisonniers, et la mission...
    – Prisonniers, nous ? questionna la jeune femme. Mais non, nous...
    – Ta gueule, idiote, cria l’homme en la repoussent violement derrière lui.
    Je vis Seri, comme avait dit la Louve, reposer sa main à ça ceinture, proche de là où se trouvait son arbalète. Depuis que je l’observais en action, j’étais sûr d’une chose : il ne faisait jamais rien sans raison. Je m’écartai de lui, légèrement en retrait.
    – Ta mission, repris l’homme, était de tenter de venir jusqu’ici. Et au cas où ton ivrogne de compagnon n’a pas réussi à te faire tuer, la mienne est de m’assurer que tu n’en reviennes pas.
    – Qu... avait à peine émit la pauvre fille, à terre, qui semblait aussi étonné que moi.
    Mais il était déjà trop tard. L’homme devant nous avait déjà levé la grande arbalète que sa cape cachait, et tous les carreaux qui volèrent firent mouche.
    L’une des fléchettes s’était planté en plein cœur, et sa victime s’effondra à plat ventre. Je n’avais jamais vu quelqu’un s’armer aussi rapidement et viser avec tant de précision. Loup Serein avec pris les double carreaux dans le bras gauche, mais le sien, unique, avait touché le traitre à la poitrine. Ce fut aussi la première fois que je le vit s’exclamer de façon moins éloquente :
    – Fumier de traitre !
    Il jeta son arme à mes pieds et défourailla son épée qu’il tendit en direction du corps inerte. Il le retourna d’un violent coup de pied et s’assura que ce cadavre ne se relèvera jamais plus d’un coup de lame dans la gorge. Il tendit ensuite la lame ensanglanté dans la direction de la demoiselle et fit un pas vers elle.
    – Je... Attends... S-Seri... Implora-t-elle en levant les mains.
    – Debout, ordonna-t-il.
    – Je t’assure, je ne suis au courant de rien, je...
    Il la plaqua contre le mur en appuyant son épée sur sa gorge, comme il l’avait fait avec moi lors de notre première rencontre.
    – Tu vas me racontez au moins tout ce que tu sais. Depuis le début.
    – O-Oui, oui, tout ce que tu veux, bégaya-t-elle, en larmes. Mais je... je ne sais que très peu.
    – Plus vite.
    – Tout... tout ce que le maître m’avait dit, c’était de faire équipe avec Loup Hardi, que lui m’expliquerait en chemin. Mais il m’a juste dit qu’on devait vous rejoindre ici pour continuer.
    Il recula d’un pas, mais garda son épée en hauteur, afin qu’elle garde ses mains visibles.
    – Rien de plus ? dit-il, toujours sèchement.
    – N-non, ils ne m’ont rien laissé savoir.
    Après quelques secondes d’hésitation, elle reprit la parole :
    – En faite, il y a bien une phrase que je les ai entendu dire. Il parlait d’un grand changement d’ordre, et que ce serait pour cette nuit.
    – Non... soupira-t-il, baissant légèrement son épée. Il n’oserait pas... Déjà ?
    – Tu sais de quoi il parlait ? demanda-t-elle.
    – Retire tous tes ceinturons d’armes.
    Je remarquai que ça voix avait changé de ton. Elle était moins assurée. Il ne semblait plus être dans sa position de domination, comme si ce qu’elle avait dit l’avait gravement affecté.
    – Mais je devrais...
    – On a pas le temps ! cria-t-il. Tu obéis ou tu meurs, je ne prendrais pas plus de risque !
    Elle le connaissait depuis bien plus longtemps, et moi-même je savais qu’il n’était plus temps de remettre ses mots en question. Doucement et d’une main peu assuré, elle s’exécuta.
    – Gamin, reprit-il de sa voix habituel, je suis navré de t’avoir amené ici. Ce devait être une simple mission, bien calculé et sans énormément de risque. Prends les armes de Louve Sage et équipes-toi. Tu m’as fait confiance jusqu’ici, et c’est réciproque. Je vais sûrement avoir besoin d’un coup de main.
    Je fis ce qu’il me dit. C’était la première fois que j’allais porter un tel équipement, et ma première pensé était évidement sur le poids : je me sentais beaucoup plus lourd, et était énormément gêné dans mes mouvements.
    – Ne t’inquiètes pas pour le poids, tu t’y feras rapidement. Tu sais t’adapter.
    – Et moi ? dit la pauvre fille, désarmée et désemparée. Ne m’abandonnes pas, je comprends plus rien.
    – Non, bien sur, tu nous suis, lui répondit-il sans même un regard. Ne tente rien d’idiot, je n’aime pas tuer sans raison.
    – O-Oui... Je peux peut-être soigner ton bras aussi, si tu v...
    Malgré la profondeur de la salle et l’épaisseur des murs, nous pûmes entendre un léger tintement lointain qui l’arrêta dans sa phrase : le tocsin retentissait.
    – Chier ! gueula-t-il. Avec moi !
    Malgré la perte du sang qui coulait le long de son bras, Loup Serein s’élança à pleine vitesse dans les couloirs, comme si de rien n’était. Je le suivi tant bien que mal, mon attirail mal ajusté ballottant de gauche à droite à chacune de mes foulés ne m’aidant pas à rester stable. Derrière moi, la demoiselle n’avait aucun mal à nous suivre.
    Il ne nous fallut pas plus de quinze minutes pour rejoindre le grand hall d’accueil. Nous n’avions rencontré aucun garde sur notre chemin, mais nous n’allions pas tardez à savoir où ils se trouvaient tous. A peine ai-je passé l’arche d’entrée de la pièce que l’odeur métallique du sang me pris à la gorge.
    – M... Mon dieu, couina la jeune fille après être entrée à son tour.
    Un amoncellement de cadavre jonchait le sol, et ils portaient tous les armoirie de la famille royal. Loup Serein s’avança prudemment vers le centre de la pièce, moi sur ces talons.
    Un applaudissement, lent mais régulier, se fit entendre du fond de la salle, et un homme masqué sorti de derrière le grand trône. L’éclairage de la Lune mêlée aux quelques torches laissait voir un homme de taille moyenne, au visage recouvert d’un masque blanc à forme de loup. Ses vêtements en soie d’un noir profond laissaient voir que cette personne avait beaucoup de goût et beaucoup de classe, et servaient surtout à cacher de nombreuses armes visiblement ensanglantées.
    – Je dis bravo, fit-il d’une voix plus jeune que je ne l’aurais cru. Bravo, vieille homme. Non seulement tu me tiens tête lorsque je t’expose pour la première fois mon plan, et maintenant, tu y survie carrément.
    – Loup Solitaire ! s’écria Seri. Espèce de traitre, tu...
    Mais un claquement de doigt le fit taire, car c’était l’ordre pour la dizaine de mercenaires et de ‘loups’ de se découvrir. Tous nous visaient avec leurs différentes armes à projectiles.
    – Alors, vous êtes tous... reprit-il, choqué par la situation. Acceptez-vous tous de commettre un crime de lèse-majesté ?! De devenir des traitres ?!
    – Grand dieu, non, voyons ! repris leur chef. Ils n’ont rien de traitres, désormais, ils font partie de ma nouvelle garde d’élite. Ils seront mes bras et surtout mes armes, pour... Et bien, contenir toute tentative de révolte envers le nouveau souverain.
    – Souverain ? m’étonnai-je. Où est la jeune...
    – Morte, je le crains fort, mon petit louveteau. Elle s’est pris ma flèche en plein cœur alors qu’elle tentait vainement de sauter dans les douves. Quel drôle de fin. Elle qui ne s’inquiétait pas de nourrir son peuple, va maintenant nourrir les poissons.
    Louve Sage s’effondra à l’annonce de cette nouvelle. Loup Serein, tout comme elle et moi, avions aidé à cette prise de pouvoir.
    – Oui, ma belle, ricana-t-il. C’est désormais devant moi qu’il faudra se prosterner.
    Les hommes autour de nous gloussèrent à leur tour. Loup Solitaire sorti d’une de ses sacoches la couronne du roi et l’ajusta sur sa tête, entre les oreilles de son masque.
    – Puisque toi, ton môme et ta chienne êtes ici, ajouta-t-il tout en s’assaillant sur son trône, c’est qu’une place c’est libéré au sein de mes troupes. Tu n’auras pas d’autre chance. Ou tu accepte de me rejoindre, et tu auras ton titre de général à mes coté, ou je te fais abattre ici-même, comme un clébard. Sache que ton choix s’appliquera aussi à te petit suivants.
    Loup Serein regarda derrière lui, dans notre direction. Je vis dans ces yeux pour la première fois une lueur de panique. Je me doutais que s’il avait été seul, Il aurait choisi la mort plutôt que la traitrise. Mais nous le gênions dans ce choix.
    – Que d’hésitation ! fit le nouveau maitre des lieux. Aurais-tu peur de ce dont je suis capable. Aller, je fais le premier pas pour te montrer ma bonne volonté.
    Il claqua à nouveau des doigts, et tous ses sbires cessèrent aussitôt de nous mettre en joue.
    – Tu vois, je n’ai rien d’un sadique. Je veux juste que mon royaume retrouve sa place et sa grandeur passé. Même si pour cela je dois régner d’une main de fer. Même si pour cela je dois faire plier chaque citoyen à ma volonté. Le monde nous respectera. Le monde me craindra !
    D’aucun aurait pensé que ce discours était celui d’un fou, mais l’homme que nous avions en face de nous avait bien toute ça raison, et avait soigneusement tout planifié. Loup Serein ne prendrait pas le risque de nous faire tuer inutilement.
    Dès mon entrée dans la compagnie que j’idolâtrais, j’allais devoir faire face à la pire des cruautés : me retrouver dans le camp de ceux qui commettent les injustices, et leurs obéir.
   

Voila donc un petit récit qui m'a tenu plusieur après midi. Et mon idée de base n'est même pas encore écrite.
Stay Tuned...

2 commentaires:

  1. C'est super! J'ai accroché du début à la fin!
    J'ai particulièrement apprécié le début.

    Juste des petites remarques:
    Au début tu as écrit un "cesser le feu" hors à l'époque médiévale il n'y avait pas d'armes à feu et les arbalètes ne sont pas des armes à feu. Tu peux remplacer cela par "accords de trêves" non?
    Qui est Loup Silencieux? Il apparaît là, d'un coup, pouf! Après, j'ai peut être mal lu ou que c'est fait exprès ^^
    Il y a quelques fautes d'orthographe et de grammaire, notamment vers la fin. Mais en te relisant doucement, tu devrais les trouver sans mal.

    J'adore l'époque médiévale donc je ne peux qu'aimer ta nouvelle! J'espère que tu feras une suite! Tu as un beau style d'écriture.
    Ça me donne presque envie de faire un fan art (a)!

    Continue!
    Dania

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    1. Merci bien, miss ^.^
      Pour le cesser le feu, effectivement, merci du conseil...
      Pour Loup Silencieux... ahah.. petite coquille >.< c'est Loup Serein qu'il fallait lire :/

      Les fautes, c'est vraiment pas mon fort v.v désolé... je vais essayer de me relire encore une fois.

      Et bien, go un beau fanart ! :p

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